Association Césarine: échange, soutien et information autour de la naissance par césarienne. |
OUI, il est possible d'allaiter après une césarienne !
Certaines mères y trouveront même une réparation nécessaire, un exutoire à une naissance différente.
Il vous sera utile d'échanger, de vous imprégner, de saisir les "trucs" qui vous conviennent, à vous et à votre famille.
L'allaitement maternel, bien qu'étant la plus naturelle qui soit des façons de nourrir son enfant, ne coule pas forcément de source. Ce sentiment de difficulté est accentué lors d'une naissance par césarienne, du fait de l'impossibilité passagère des mères césarisées à se mouvoir et à prendre soin elles-mêmes de leur enfant.
Ainsi, afin de pallier toutes les interventions négatives (premiers soins du bébé souvent plus intrusifs, tétée précoce parfois impossible, difficulté à se mouvoir, ...), il est intéressant d'être informée, de se sentir forte, et d'avoir confiance en ses capacités à nourrir soi-même son enfant.
Signalez à l'équipe médicale votre désir d'allaitement maternel. Aussi, il est bon que vous, mère, père de votre enfant, fassiez entendre vos décisions, et ce, quelle que soit la voie de naissance et tant que votre enfant est en bonne santé.
Posez par écrit vos desiderata, par exemple dans un projet de naissance, ainsi, le personnel médical sera informé de l'importance que l'allaitement a pour vous.
Parfois, il vaut mieux être avisée et prévoir son matériel pour le démarrage de l'allaitement. Nous ne parlons ici que du matériel spécifique en cas de césarienne ; vous trouverez sur les sites consacrés à l'allaitement des suggestions pour l'allaitement en général.
Ca y est votre bébé est là ! Cependant, il peut-être "surpris" de cette naissance, notamment en cas de césarienne programmée. Ainsi, tant que la mère et l'enfant se portent bien, il est judicieux de laisser l'enfant et la mère, en contact et notamment, en contact peau à peau.
Bien que l'enfant soit né par césarienne, il n'est pas systématiquement nécessaire de procéder immédiatement aux soins et "nettoyage" de routine. Même l'aspiration n'est pas nécessaire à chaque enfant.
L'enfant peut être posé sur le haut du corps de la maman pour une toute première mise au sein, et bien sûr, cette possibilité doit faire l'objet de quelques aménagements tels que :
Lorsque l'établissement ne permet pas d'allaiter en salle d'opération, ou que la santé de votre enfant nécessite des soins préalables, il est bon d'allaiter l'enfant dès la salle de réveil. Là encore, la présence d'un accompagnant est souvent nécessaire.
Il arrive parfois, malheureusement, que la salle de réveil ne soit pas réservée au bloc obstétrical, et que vous ne puissiez pas y être accompagnée. Cependant, le passage dans ce service peut être long et vous obligerait à être séparés au total plus de 2 heures... Dans ce cas de figure, il est intéressant de discuter de cette étape avec votre médecin, si possible au préalable, pour voir comment l'aménager au mieux, par exemple en allant dans une salle de travail pendant la surveillance post-opératoire.
Une longue séparation ainsi imposée à deux êtres en bonne santé, ne favorise pas un bon démarrage de l'allaitement... Il se peut que vous donniez naissance dans une maternité "habituée" à donner un premier biberon, ou que votre bébé, fatigué de chercher votre contact et votre sein, se soit profondément endormi pour les retrouvailles tant attendues, ce qui retarderait encore davantage la première mise au sein...
Nous donnons ici des conseils pour que l'allaitement démarre au mieux, mais ce n'est pas parce que vous n'aurez pas donné le sein en salle de réveil que votre allaitement sera systématiquement compromis. En revanche, les premières tétées seront peut-être plus difficiles, vous aurez peut-être besoin de plus d'aide, mais il est souvent possible de démarrer un allaitement même dans des conditions non idéales.
Le plus important sans aucun doute, est d'éviter toute séparation avec l'enfant, même durant les premières heures, bien sûr tant que la mère et l'enfant sont en bonne santé.
Pour ce faire, il est judicieux de bénéficier de l'aide d'une tierce personne, le père (ou tout autre accompagnant) est le bienvenu, pour pouvoir assurer les soins au bébé et mettre l'enfant au contact de sa mère au moindre signe.
Certains établissements assurent la fourniture de lits d'appoints et de repas d'accompagnants. Si votre accompagnant doit s'absenter par intermittence, il peut être pratique de garder votre bébé en peau-à-peau continu contre vous. Vous pouvez utiliser un débardeur assez large, ou mieux encore, un bandeau de grossesse (comme ceux que l'on utilise pendant la grossesse pour mettre sur le ventre) que vous remonterez sur votre poitrine (pour faire comme un débardeur sans manche). Vous pourrez ainsi caler votre bébé dans votre bandeau, au niveau du haut de votre poitrine. Vous pouvez également vous installer confortablement avec des coussins.
Il est possible que l'on vous pousse à la séparation d'avec votre enfant, notamment les premières nuits, afin que vous puissiez vous reposer. Vous êtes en droit de rester avec votre enfant, et donc de refuser toute séparation.
Si vous souhaitez vous reposer les premières nuits, exigez qu'il ne soit donné aucun complément, ni tétine, qui peuvent tous deux induire une confusion sein/tétine (voir également ce site), et demandez que l'on vous amène votre bébé à chaque tétée.
S'il n'est pas possible d'être dans la même chambre, ce qui peut-être le cas par exemple en cas de transfert de l'enfant en service de néonatalogie, il est important pour un bon démarrage de l'allaitement de stimuler votre lactation. Vous pouvez exprimer (c'est dire éjecter) vous-même votre lait, qui pourra être administré à l'enfant à la pipette ou en sonde de gavage.
Il existe une méthode d'expression manuelle du lait, la méthode Marmet, qui peut être pratiquée si vous n'avez pas de tire-lait ( télécharger le PDF de la Leache League sur la méthode Marmet ou visionnez cette vidéo ).
Le démarrage de l'allaitement peut sembler douloureux du fait de divers facteurs :
Pour cela, il est bon d'essayer diverses positions permettant d'allaiter votre enfant le plus confortablement possible :
Cette position est intéressante peu après la naissance, lorsqu'il ne vous est pas
encore possible de vous asseoir :
Si se coucher sur le côté est trop inconfortable, il est aussi possible d'allaiter couchée à plat dos, légèrement relevée et bébé placé en travers de votre poitrine.
Cette position consiste à passer les jambes de bébé, s'il tête le sein droit, sous votre bras droit. Il est donc allongé contre votre côté, au lieu d'être allongé en travers de votre ventre. Cette position permet d'éviter que votre bébé ne repose sur votre ventre.
De nombreuses femmes ayant eu une césarienne programmée allaitent sans difficulté. Cependant, la césarienne programmée peut parfois retarder ou compliquer la première mise au sein et donc le bon démarrage de l'allaitement.
Dans le cas d'une césarienne programmée avant travail, la mère donne naissance sans avoir eu de contraction. Or, durant un accouchement physiologique, se met en place une sécrétion, tant par la mère que par l'enfant, de différentes hormones dont certaines initient le processus de production lactée. Une femme qui donne naissance par césarienne sans avoir eu de contraction aura un bain hormonal différent, ce qui peut induire, pour certaines femmes, une mise en route plus lente du processus de lactation, la production du lait étant alors induite essentiellement par la succion de l'enfant.
Il est alors d'autant plus important de procéder à une tétée précoce et de créer un environnement favorable à l'établissemnet du lien mère-enfant. En effet, lors de la création du lien, la mère secrète naturellement de l'ocytocine (appelée "hormone de l'amour" par certains auteurs) qui joue un rôle dans le démarrage de la lactation. La non-séparation (ou la séparation la plus courte possible), le peau- à-peau, une atmosphère paisible et intime favoriseront la création du lien et donc, le démarrage de l'allaitement.
Comme n'importe quel bébé, un bébé né à 38 ou 39 semaines peut devenir "expert en tétée" très rapidement... Plus il tète les premiers jours, plus il va devenir compétent. A ce terme, le réflexe de succion peut être aussi efficace qu'à 40 semaines. Cependant, ce n'est pas toujours le cas et des bébé nés trop tôt peuvent ne pas avoir un réflexe de succion efficace.
Par ailleurs, un bébé né à 38 ou 39 semaines est parfois plus petit qu'un bébé né à terme et est susceptible d'avoir une perte pondérale plus importante (ou plus inquiétante) durant ses premiers jours. Si par ailleurs il n'arrive pas à téter correctement, l'allaitement peut être compromis ou avoir des difficultés à se mettre en place.
Du fait des diverses prises médicamenteuses ou des anesthésies nécessaires à l'accouchement, votre enfant peut se trouver relativement endormi. Il est donc nécessaire de guetter les moindres signes vous permettant de le mettre au sein aux moments les plus favorables, c'est-à-dire lorsque l'enfant bouge les mains, fait des mouvements de succion avec sa bouche, bouge les paupières...
Si vous proposez le sein à ce moment, il est très probable que l'enfant s'en saisisse pour une tétée goulue. Il est inutile, voire néfaste, de laisser l'enfant crier pour réclamer son dû... Ainsi, dès que vous sentez que c'est le moment, demandez au père ou au personnel de la maternité de vous aider à mettre l'enfant au sein.
Le site du CRAT et notamment la page Douleur et Allaitement. Votre médecin y trouvera une aide pour vous prescrire un traitement anti-douleur compatible avec l'allaitement.
Quel antalgique donner ? sur www.santeallaitementmaternel.com.
La douleur que vous pouvez ressentir après la naissance nécessitera peut-être la prise d'anti-douleurs. La plupart peuvent être pris au démarrage de l'allaitement, le colostrum se trouvant déjà dans les seins bien avant la naissance.
Faites-vous confiance et faites confiance à votre enfant, vous et lui, êtes les mieux placés pour savoir ce qu'il lui faut, au moment où il le demande. Vos capacités de mère sont inépuisables, croyez en vous, et ne laissez pas perturber ces moments si profonds et intenses par des avis négatifs et des conseils contradictoires.
Nous vous souhaitons de grandes tétées goulues et chaleureuses ! N'hésitez pas à la moindre interrogation, au moindre doute, au moindre moment de découragement, à faire appel à un réseau de soutien à l'allaitement maternel, pour y trouver réponses et chaleur humaine.
Page mise à jour en avril 2017.