Se préparer à une césarienne
Que vous sachiez déja que vous allez avoir une césarienne ou que vous souhaitiez
simplement être prête "au cas où", cette page vous proposera quelques pistes
afin de ne pas être prise au dépourvu le jour de la naissance.
Construire votre projet de naissance
© Association Césarine
Un projet de naissance écrit sert de base de dialogue avec l'équipe médicale.
La manière dont se vit une naissance par césarienne est propre à chaque femme, à chaque couple,
à son histoire, à ses attentes. Les aménagements qui répondent aux besoins et à la représentation
que les (futurs) parents se font d'une naissance, ont toujours un effet positif sur le vécu.
Vous êtes en droit de discuter de ce qui vous tient à cœur avec l'équipe médicale qui vous
accompagne. Vous pouvez, si vous le souhaitez, rédiger un projet de naissance, un document
qui reprend les aménagements dont vous aimeriez bénéficier lors de la césarienne. Ce
projet de naissance est habituellement joint à votre dossier médical et vous suit durant toute
la grossesse jusqu'au jour de l'accouchement.
Ce projet résume vos attentes en vue de la naissance de votre enfant. Il peut
concerner l'intervention elle-même (présence du père), sa préparation (pose de
la sonde urinaire après l'anesthésie) ou encore les suites immédiates
(mise au sein précoce, peau-à-peau).
Un projet de naissance peut revêtir différentes formes. Parfois un dialogue
avec le personnel suffit à exprimer ses désirs et à trouver le bon compromis ;
parfois, il peut être utile de rédiger ses souhaits, pour ne pas oublier certains
points et pour que le projet puisse être rangé dans votre dossier et disponible
pour l'équipe qui sera présente le jour de la naissance.
Pour la forme, vous pouvez choisir de le rédiger sous forme de liste, ou
sous la forme d'une lettre détaillée, libre à vous d'y faire figurer des
références à votre vécu d'une césarienne antérieure pour montrer
l'importance pour vous de certains points comme le fait de pouvoir caresser
votre enfant quand on vous le présentera.
Il faut néanmoins avoir à l'esprit que les équipes qui n'ont pas discuté
avec vous de votre projet n'auront peut-être que quelques minutes pour en
prendre connaissance avant la naissance.
Le projet de naissance est une base pour un dialogue, il ne s'agit pas simplement
d'une liste de souhaits ou d'exigences.
Que pouvez-vous y faire figurer ?
Nous vous proposons une liste de sujets à discuter avec l'équipe qui vous suit.
Il ne s'agit que de suggestions, qui peuvent ou non vous convenir, et cette liste ne se veut pas exhaustive.
Vos souhaits ou besoins peuvent par exemple porter sur :
- Avant l'opération
- Certaines mamans ont pu se présenter à la maternité, à jeun, le matin
même de l'opération et non la veille au soir.
- Vous pouvez demander à ce que la sonde urinaire soit posée après
l'anesthésie afin de ne pas ressentir une douleur inutile.
- Pendant l'opération
- La présence du père au bloc est parfois possible,
même si de nombreuses équipes obstétricales la refusent
- voir la page de ce site qui y est consacrée.
- La possibilité d'accueillir votre enfant en musique.
- Le fait de ne pas être entravée (les bras attachés en croix)
sur la table d'opération, ou tout du moins être détachée
au moment de la naissance afin de pouvoir toucher votre bébé.
- Lors de la sortie de votre bébé, vous pouvez demander à
ce que le champ opératoire soit baissé (pour voir naître votre enfant,
et profiter du protoregard, le premier regard) et à ce que l'on
vous laisse la possibilité de "pousser" pour aider
votre bébé à sortir afin de vous rendre active à votre manière.
- Si vous ignorez le sexe du bébé, il est préférable
de prévenir l'équipe si vous souhaitez le découvrir vous-même.
- Vous pouvez demander à un membre de l'équipe de
vous décrire ce qui est en train de se dérouler.
- Si vous êtes porteuse de lunettes, n'hésitez
pas à insister pour les garder ou au moins pour qu'on vous
les mette afin que vous puissiez voir votre enfant ;
- Après la naissance de votre enfant :
- Dès le bloc, vous pouvez demander que, malgré les objets médicaux
(champ opératoire, perfusion, appareillages divers etc….) vous puissiez pleinement voir,
entendre, sentir, toucher votre enfant dès sa naissance, voire même à le mettre
au sein ou à le garder en peau-à-peau pendant que l'on vous recoud - sous réserve que le bébé aille bien et que son état ne nécessite
aucun soin particulier. Le froid au bloc est un argument souvent avancé pour refuser que le bébé soit placé sur
sa mère. Pourtant, malgré le froid, différentes solutions peuvent être imaginées (couverture chauffante, couette bébé avec un bonnet)
- vous pouvez demander à maintenir la triade père-mère-bébé jusqu'au retour en chambre
(toutes les maternités ne l'acceptent pas) : le peau-à-peau débute au bloc, puis le bébé est transporté
avec sa mère sur son lit et le peau-à-peau se poursuit en salle de naissance ou en salle de réveil.
L’intérêt de cette pratique réside dans le fait de profiter le moment d’éveil particulier du bébé
pendant la première heure, moments pendant lesquels les sens du bébé et de sa mère sont en éveil.
Les effets de l'anesthésie pouvant générer des troubles du type tremblements, une
personne devra demeurer aux côtés de la mère (sage-femme, accompagnant) pour s’assurer
que le bébé et la mère sont installés en toute sécurité
- L'une des personnes présentes dans le bloc opératoire sera peut être
disponible pour prendre des photos.
- Certaines mères ont demandé à voir le placenta de leur bébé, avant de sortir du bloc opératoire.
- Renseignez-vous sur la salle de réveil : est-elle
commune aux autres services ou est-elle située au bloc
obstétrical ?
Dans le cas d'une salle commune à tous les
services, il est de règle que la mère y soit seule : dans ce cas
de figure, certaines mamans ont obtenu que la surveillance post-opératoire
s'effectue en salle de travail afin que la famille puisse y être réunie.
Dans le cas d'une salle de réveil propre à la maternité, le cas
le plus fréquent est que toute la famille y soit réunie. Vous pouvez
demander à faire du peau à peau avec votre bébé.
- S'il est absolument impossible de garder votre bébé
auprès de vous, vous pouvez demander à ce que le papa prenne le
relais pour les soins éventuels et le peau à peau en attendant votre retour.
- Vous pouvez demander que votre enfant ne soit pas tout de suite
baigné et habillé et de manière générale, que tous les soins non urgents
(pesée, mesure, ...) soient faits en votre présence, après votre sortie
du bloc ou de la salle de réveil.
- En suites de couches :
- Vous pouvez demander à remettre vos propres vêtements en remontant
du bloc en remplacement de la chemise de l'hôpital.
- Renseignez-vous sur le lever et la reprise de l'alimentation. Vous
pouvez demander a essayer de vous lever assez précocement, et pour cela
demander à être rapidement débarrassée de la sonde urinaire.
- Vous pouvez demander à ce que votre bébé ne soit pas baigné le
premier jour, si vous souhaitez attendre de vous être levée pour lui donner son premier bain vous-même.
Préparer une césarienne "active" ?
Le terme "césarienne active" (on parle parfois de "césarienne naturelle" ou "césarienne soft") peut sembler étrange
car les deux concepts “césarienne” et “mère actrice de son accouchement” sont souvent opposés. Toutefois, certaines
équipes obstétricales travaillent à rendre l’expérience de la césarienne la plus proche possible d’une naissance par
voie basse.
Ainsi, une équipe britannique[1] s’est attachée à créer un protocole de césarienne dont le
déroulement est le plus centré possible sur la mère et l’enfant. Selon cette équipe, le déroulement de la césarienne
est le suivant : le père est présent au bloc opératoire avec la mère. Une fois l’incision réalisée selon le mode habituel
et le sang évacué, les médecins laissent les parents assister à la naissance, le champ opératoire est abaissé. Lorsque la tête
du bébé est sortie, l’enfant prend sa première inspiration de lui-même, alors qu’il est encore en partie dans l’utérus et
toujours relié à son placenta. Ce délai de quelques minutes permet, sous la pression de l’utérus et des tissus mous, d’expulser
le liquide amniotique des poumons du bébé comme cela se passe pour une naissance par voie basse. Les premiers pleurs du bébé
sont le signe qu’il est temps de dégager les épaules (il arrive fréquemment que le bébé dégage ses bras de lui-même). Le bébé
est ensuite soutenu durant une minute, ce qui permet à la mère d’observer son enfant. L’enfant ainsi à demi-délivré pleure
fréquemment. Dans le cas contraire, l’obstétricien observe sa respiration, sa couleur, ses mouvements qui lui indiquent son
état de santé. Le reste de la délivrance est réalisé ensuite en combinant expulsion passive, l’utérus se contractant, et aide
active de l’obstétricien : le bébé se dégage tandis que sa tête et son tronc sont soutenus par le médecin. Ceci permet aux
parents d’observer la naissance et de découvrir le sexe de leur bébé en même temps que l’équipe, reproduisant ainsi une
situation identique à celle d’une naissance vaginale.
En France, certaines équipes encore rares développent des protocoles visant à rendre la mère actrice de sa césarienne,
notamment en faisant pousser la mère pour aider l’enfant à sortir de l’utérus ou bien en utilisant un dispositif dans lequel
la mère doit souffler, ce qui est censé aider ses muscles abdominaux à se contracter et à ainsi pousser l’enfant vers les mains
de l’obstétricien.
Comment en parler à l'équipe de la maternité
Chaque maternité est différente.
Votre projet de naissance doit être bati en concertation avec l'équipe
de la maternité où vous allez accoucher, sachant que les protocoles peuvent
énormément varier d'un établissement à l'autre.
Vous pouvez consulter les résultats de notre
questionnaire
sur le déroulement des césariennes par établissement.
Renseignez-vous également sur place, car les conditions sont susceptibles d'évoluer.
Si certaines maternités encouragent ce type d'initiative, d'autres y sont
réticentes. Montrer que l'on a un discours calme, posé et rationnel
peut parfois suffire à débloquer la situation. Dans cette optique, il peut
être utile de préciser que si les circonstances venaient à l'exiger (extrême urgence),
vous comprendriez que certaines de vos demandes soient impossibles à satisfaire.
Il est difficile d'obtenir des équipes médicales qu'elles
bouleversent radicalement leurs habitudes et leur protocole.
Face à une réaction négative de la part d'un professionnel de santé, il est
important de rappeler qu'une césarienne n'est pas seulement une opération
chirurgicale lourde, mais aussi la naissance de votre enfant et un moment
inoubliable dans votre vie, dont vous souhaitez qu'il se passe de la manière
la plus respectueuse pour votre enfant et pour vous même.
Vous pouvez revenir sur les précédentes
naissances que vous avez vécues, et expliquer ce qu'elles ont généré comme
insatisfactions pour vous.
Vous pouvez également rappeler que votre sécurité et celle de votre enfant
ne sont pas mises en danger par vos demandes, et qu'elles ne génèreront pas de
sur-coût ou de surcharge de travail.
Que faire si le dialogue est rompu
Sauf situation médicale particulière, vous êtes théoriquement libre de
changer de maternité si vous ne pouvez pas trouver de
compromis satisfaisant sur les conditions de césarienne, et ce, même en toute fin de grossesse.
Cependant, prendre une décision tardive est rendu difficile par le fait que
la plupart des maternités sont saturées et refusent les inscriptions tardives.
De plus, à l'approche de la naissance, on n'a pas forcément l'énergie nécessaire pour ce type de démarche.
C'est pourquoi il est important d'évoquer ce qui vous tient à coeur très en
amont, afin de pouvoir chercher une solution de repli dans une relative sérénité.
En plus des effets personnels composant la traditionnelle valise
de la maman et du bébé, à prévoir en quantité suffisante
puisque vous resterez environ 6 jours à la maternité, nous vous
suggérons les éléments suivants :
- Des chaussons faciles à enfiler pour ne pas avoir à vous baisser.
- Des culottes jetables assez hautes pour qu'elles ne vous gênent
pas au niveau de la cicatrice. Les maternités vous proposent souvent
des slips en filet, qui peuvent se révéler inconfortables une fois
le pansement de la cicatrice retiré.
- Des chemises de nuit plutôt que des pyjamas vous éviteront
la pression d'un élastique sur votre ventre et votre cicatrice. Les
premiers jours, il pourra vous être difficile de lever les bras pour
enfiler un t-shirt : une chemise boutonnée semble être un bon compromis,
d'autant plus que les maternités sont souvent surchauffées donc vous
n'aurez pas besoin d'une tenue trop chaude. Vous allez garder un cathéter
pendant quelques jours dans votre bras ou votre poignet, prévoyez
donc des manches larges pour pouvoir les enfiler sans l'accrocher.
Enfin, prévoyez des tenues faciles à laver car des taches de sang ou de bétadine sont possibles.
- Des lingettes déodorantes et nettoyantes pour vous
rafraîchir en attendant d'être en mesure de prendre
une douche, et si vous ne pouvez pas vous lever dans la journée qui
suit votre césarienne, vous apprécierez peut être de disposer de
lingettes désinfectantes pour vous laver les mains. A noter que de
plus en plus d'hôpitaux proposent un distributeur de gel bactéricide
dans chaque chambre dans le cadre de la lutte contre les infections nosocomiales.
- Un coussin d'allaitement pour pouvoir nourrir votre bébé
confortablement sans tirer sur votre cicatrice (un simple coussin
peut également faire l'affaire) ;
- Des pailles pour boire en particulier si vous avez des difficultés
pour vous asseoir le premier jour ;
- Il semblerait que mâcher du chewing-gum après l'opération permette
une reprise un peu plus rapide du transit intestinal [2]
: si vous aimez cela, n'hésitez pas à en emporter un paquet dans votre valise.
Les suggestions suivantes sont à discuter en fonction de votre cas personnel et des habitudes de votre maternité :
- Dans certaines maternités, la prévention du risque de phlébite
inclut le port de bas de contention. Ils sont parfois fournis par
la maternité. N'hésitez pas à en parler à votre médecin.
- En cas de séparation prévue avec votre enfant (par exemple pour une
hospitalisation en néo-natalité), un tire-lait pourra
vous être utile afin de favoriser la montée de lait et de faire
bénéficier votre enfant de votre colostrum (voir la page de
ce site consacrée à l'allaitement
après une césarienne). Certaines maternités vous proposeront
un tire-lait, mais vous souhaiterez peut être disposer du vôtre. Prévoyez
un appareil photo afin de faire rapidement le lien avec votre enfant ;
à cet effet, certaines équipes disposent parfois d'appareils photo de type polaroïd .
L'incision sera faite dans la zone de pilosité de
votre pubis, vous serez donc rasée. Selon les maternités,
vous serez rasée intégralement ou seulement sur le haut du
pubis, souvent avec une tondeuse mais parfois simplement avec un bic
jetable et à sec. Vous pouvez pratiquer ce rasage vous-même,
voire vous épiler si vous en avez l'habitude : la peau en
sera moins irritée. Certaines mamans se font faire une épilation
intégrale en institut avant la césarienne.
Si vous allez avoir une césarienne programmée, l'avantage est que
vous en connaîtrez la date : reposez vous en prévision du
grand jour, vous aurez besoin de toute votre énergie par la suite.
Voir la date de la césarienne s'approcher peut créer
une certaine angoisse. Pour lutter contre cette angoisse, plusieurs manières de
réagir :
- Parler : que ce soit au papa, à une amie ou une parente
compréhensive, sur le forum
de Césarine, à une sage-femme, à votre médecin... ;
- Communiquer avec le bébé : lui expliquer ce qui
va se passer, comment, pourquoi, ce que vous ressentez face à
cette césarienne qui approche. Mettre des mots sur votre ressenti,
appréhender votre angoisse, vous aidera à vous recentrer
sur ce qui est important : votre bébé et vous.
Vous vivez vos derniers instants de fusion totale, il est important
de les vivre pleinement ;
- Lire et relire des récits de césariennes
(programmées ou non) bien vécues : vous trouverez
de belles histoires, de beaux moments vécus avec intensité
malgré le fait qu'ils se déroulent au bloc opératoire ;
- Même en accouchant par césarienne, vous avez droit aux séances de préparation .
Une préparation classique peut ne présenter que peu d’intérêt pour vous, mais une préparation « sur mesure »
a toute sa place. En effet, vous pouvez demander à faire les séances de préparation auprès de la sage-femme
de votre choix, en séance individuelle et choisir une préparation avec une orientation telle que le yoga,
l’haptonomie, la sophrologie ou l’hypnose.
- Plus généralement, n'hesitez pas à recourir à tout ce qui peut vous
faire du bien : moments avec votre conjoint ou entre amies, prendre soin de vous (massage, soin, ...)
- Vous pouvez également vous tourner vers des solutions proposées
par la médecine douce comme l'acupuncture,
les Fleurs de Bach ou
l'homéopathie en pré-opératoire...
- Références :
- [1] The natural caesarean: a woman-centred technique. - texte complet
- Smith J., Plaat F., Fisk NM. National Institutes of Helath. 115(8): 1037-1042. 2008 Jul.
- [2] PubMed 20013603
- Shang H, Yang Y, Tong X, Zhang L, Fang A, Hong L.
Gum chewing slightly enhances early recovery from postoperative ileus after cesarean section: results of a prospective, randomized, controlled trial.
Am J Perinatol. 2010 May;27(5):387-91. Epub 2009 Dec 11.
Page mise à jour en
Octobre 2017.