Césarine : infos sur la césarienne  
Presse      Césarine vous a aidé(e) ? Aidez Césarine !Soutenez l'association      ContactContact     
Association Césarine, césarienne, AVAC
Association Césarine: échange, soutien et information autour de la naissance par césarienne.

Aspects psychologiques

Voir aussi...

Des mères ont écrit ce qu'elles ressentaient. Lisez-les dans la page Coups de coeur.

Après avoir donné la vie, il peut exister un décalage entre le bonheur socialement attendu à l'arrivée d'un enfant, et les sentiments contradictoires que vous éprouvez et que votre entourage ne comprend pas.

Pourquoi ces sentiments contradictoires ? pourquoi une tristesse ? pourquoi cet enfant mis au monde peut vous paraître étranger ? pourquoi vous sentir en décalage avec votre entourage, sans réussir à exprimer, ou à faire comprendre vos sentiments ?

C'est cela que nous allons tenter d'aborder dans cette page.


En quoi une césarienne diffère-t-elle d'un accouchement par voie basse

L'imaginaire autour de l'accouchement

A partir du moment où vous vous savez enceinte, vous, futur mère, mettez 9 mois à construire l'image de votre nouvelle parentalité, de votre enfant, de votre idéal d'accouchement, en concilliant votre contexte socio-culturel, vos envies personnelles, les projections de "comment vous voulez acccoucher" ou "comment vous voulez être en tant que parent".

Dans votre imaginaire, comme dans l'imaginaire collectif (ce n'est pas forcément la même vision !), un accouchement pourra être un accouchement physiologique (par exemple, accoucher dans l'eau) ou un accouchement un plus médicalisé (par exemple, sous péridurale). Dans l'imaginaire, la représentation de l'accouchement reste souvent très liée à la sortie "par voie basse".

La naissance arrive et peut être différente de ce que vous aviez imaginé, espéré, attendu .Après une césarienne, il faudra donc faire le lien entre "l'idée d'accouchement", et "votre césarienne".

L'impact des hormones et du rôle actif de la mère dans le ressenti autour de la naissance

Un accouchement physiologique semble mieux adapté pour "mieux vivre" l'après-naissance (le post partum) ? Lors d'un accouchement physiologique, le corps vous prépare doucement, psychologiquement, à faire face à ce qui est en train de se produire, vous intervenez en entier, les hormones, les positions, les chants/paroles, tout intervient pour préparer la naissance du bébé. Vous êtes actrice de votre accouchement, vous vous impliquez physiquement et psychiquement dans cet évènement.

A l'extrême inverse, une césarienne est un acte chirurgical, antiphysiologique et hyper médicalisé. La (future) mère a peu de marge de manoeuvre pour s'impliquer dans cette naissance et être actrice de son accouchement. Le corps subit des gestes invasifs qui ne sont pas ressentis dans un présent, mais qui sont ressentis/imaginés avec un décalage de temps, de réalité.

Vous êtes confrontée à une naissance à laquelle vous avez le sentiment de n'avoir pas (ou très peu) participé (à moins d'avoir la chance d'être entourée d'une équipe à l'écoute de vos souhaits...).

Quand le corps et la tête souffrent

Le sentiment d'un corps qui n'a pas joué son rôle

Après la césarienne, vous pouvez avoir le sentiment que votre coprs s'est dérobé, qu'il a démissionné, qu'il n'a pas assuré ses fonctions. Ce sentiment de trahison est d'autant plus fort qu'à la maternité, vous étiez diminuée physiquement et que vous n'avez pas (ou avec difficulté) assumé et assuré les soins au nouveau-né.

La douleur physique peut trouver remède dans les apports médicamenteux. Il n'en reste pas moins que physiquement, vous êtes transformée avec cette cicatrice sur le bas du ventre ; ce signe que chaque jour vous voyez, vous touchez ou au contraire esquivez au mieux. Pour certaines, cette cicatrice est synonyme de mutilation : mutilation physique qui affecte facilement le psychisme.

Vous pouvez aussi vous sentir décalée entre "être" la mère de votre enfant et la difficulté de vous "sentir" mère, voire femme, parce que vous n'avez pas accouché par voie basse, "comme toutes les femmes", ce qui vous exclut du "clan des accouchées"  ?

La trahison physique a un lourd retentissement psychique dans le rituel initiatique de la naissance (ce qui semble le cas pour tout accouchement instrumentalisé).

Le rituel de la naissance est très perturbé. Enceinte puis mère sans lien physiologique, sans passage, la déception de ne pas avoir cheminé mène souvent à un sentiment d'échec, de culpabilité (qui n'a pas entendu "et si j'avais dit non, si j'avais tenu quelques instants de plus, et si j'avais pu marcher...").

La douleur psychique

La rencontre avec votre bébé a pu être retardée ou s'être déroulée dans des conditions qui ont compliqué la création du lien mère-enfant. Ainsi, peut-être n'avez-vous pas vu votre bébé entièrement nu juste après sa naissance, pas senti son odeur, pas pu le caresser véritablement ou encore pas croisé son regard dès les premières minutes de vie et réciproquement. Des spécialistes soulignent l'intérêt de respecter les sens du bébé à sa naissance et le rôle que jouent ces derniers dans les deux premières heures de vie pour passer avec continuité de la vie intra utérine à la vie extra utérine. Des auteurs ont observé que lorsque les soignants sont discrets et que les soins sont reportés à plus tard, alors les comportements facilitant la découverte mutuelle avec leur enfants semblent revenir de façon automatique chez la mère, comme chez le père. Comme le pédiatre comme le pédiatre Marc PILLOT, ils soulignent l'importance du premier regard (protoregard), lequel diffère des regards présents les heures suivantes. Les mères ayant vécu une naissance où ce processus n'a pas été respecté peuvent avoir à postériori le sentiment qu'une étape a manqué et ce peut être un des facteurs d'un vécu douloureux.

La douleur psychique peut avoir différentes origines :

L'incompréhension de l'entourage

L'entourage le dit...

L'entourage a une influence sur le ressenti d'une mère face à sa césarienne. Il existe des phrases qui font du bien et des phrases qui font du mal.

L'entourage ne comprend pas toujours votre douleur, votre désarroi, votre angoisse (lire encadré ci-contre). Parfois, même, il ne nie. Certaines phrases peuvent venir amplifier votre douleur psychique : "avec une césarienne, au moins on ne souffre pas", "bébé a la tête bien ronde", voire même (comme c'est délicat...) "le "passage" est toujours aussi agréablement étroit ?!". Ces personnes ne se rendent simplement pas compte de la portée de leurs mots. Entendre, reconnaître et accepter la douleur d'autrui est difficile. Face à l'incompréhension, vous allez garder pour vous ce que vous ressentez et vous choisirez votre interlocuteur en fonction de l'échange recherché.

Il arrive que la césarienne et tous les soins associés ne sauvent pas votre enfant. Vous pleurez votre enfant. Pour autant, vous avez aussi le droit de pleurer cette voie de naissance que vous ne désiriez pas. Et même si la césarienne était jugée la mieux pour tenter de sauver le bébé, même si l'équipe a réellement fait de son mieux pour vous, il se peut que vous vous en vouliez, que vous soyez frustrée.

Il existe des césariennes bien vécues... pourquoi ? comment ?

Tous ces questionnements ne sont pas vécus de la même façon, ni aux mêmes moments, ni avec la même intensité. Certains éléments peuvent contribuer à ce que la césarienne se passe bien et qu'elle soit vécue positivement sur l'instant et durablement.

Préparée, une césarienne, sera plus "vécue" que "subie"

Certaines équipes médicales vous impliquent dans la naissance par césarienne, elles humanisent la chirurgie en vous préparant en tant que futurs parents. Par un dialogue en amont de la césarienne, vous pouvez discuter de ce qui compte pour vous et préparer votre césarienne. Ecouter et respecter vos souhaits de mère, respecter votre intégrité physique (par exemple, accepter que vous gardiez vos lunettes au bloc opératoire) ou vous faire participer (même si votre corps ne peut réagir, le mental semble être "soulagé" par une demande de poussée au moment où l'obstétricien extrait l'enfant du ventre). Certaines équipes médicales vous seront présentées avant l'intervention, toujours dans un souci de respect et d'humanisation.

Faire le lien avec sa propre histoire

Peut-être également découvrirez-vous des liens avec votre propre passé (votre naissance, par exemple), qui apporteront un éclairage nouveau sur votre césarienne.

Cette étape de reflexion, de compréhension, peut être très douloureuse, car elle va peut-être remuer des choses profondément enfouies en vous. Mais, vous en sortirez plus forte.

Se relever d'une césarienne mal vécue

Malheureusement, une césarienne peut être mal vécue, et laisser, outre une cicatrice physique, des traces psychiques. Comment accepter ces doutes, ce mal être, cette distance entre ce que vous vivez et ce que vous avez espéré, imaginé ? Comment construire ce lien d'attachement mère/enfant dans les meilleures conditions quand mère et enfant sont séparés pendant la période critique de l'attachement physiologique (cf Michel Odent : L'amour scientifié) ?

Mal vivre votre césarienne ne signifie pas forcément que vous serez malheureuse en permanence. Mais, vous pourrez vous surprendre à pleurer devant des récits de naissance par voie basse, devant des photos de bébés, vous vous découvrirez peut être jalouse devant votre belle-soeur ou cousine et son accouchement "idéal" à vos yeux (... mais pas forcément aux siens). Vous aurez peut-être envie de refaire très vite un autre enfant, pour enfin "accoucher".

Rien ne peut remplacer ces moments-là, mais beaucoup d'autres pourront être construits :

Le père comme fil continu tout au long de la naissance

Le père peut faire le lien entre vous, et votre bébé en vous racontant avec ses mots ce qu'il a vécu, observé : l'échange des sensations, des impressions avec lui pourra vous aider à cheminer. La présence du père au bloc opératoire peut aussi être d'un grand secours (notamment en cas de césarienne sous anesthésis générale) pour la construction de la naissance, il devient le gardien du rituel de la naissance, un peau-à-peau au bloc, puis en salle de réveil, jusqu'à une tétée précoce, tout pour que l'attachement ait lieu dans le calme et le respect.

Comprendre pourquoi et comment : rendre la césarienne légitime

Evidemment l'explication (même si elle est donnée après la césarienne), la compréhension de la raison de césariser, que ce soit en urgence ou non, est primordiale pour ne pas avoir de doute sur la légitimité de l'acte. Peut-être aurez vous besoin, pour accepter votre césarienne, de comprendre "pourquoi" ça s'est passé, "comment" vous en êtes arrivée là, pour faire la paix avec ce moment - à ce titre, demander votre dossier médical peut être une aide précieuse et peut servir de jonction entre les différentes étapes de la naissance.

On pourrait penser aussi que l'incontestabilité de la césarienne peut être un facteur pour mieux la vivre, notamment lorsque la césarienne a permis de réellement sauver mère et/ou enfant, mais la réalité n'est pas si simple. Beaucoup de mères culpabilisent encore plus dans ces cas-là de ne pas se "satisfaire" de cette naissance. Oui, la césarienne a sauvé votre bébé, mais vous avez aussi le droit de souffrir de cet acte.

Le portage, le maternage, l'allaitement : tisser des liens avec son bébé

Des témoignages de mères laissent penser que reconstruire un lien maternel par le biais de l'allaitement ou du maternage est possible.

Pour réparer cette rupture des premières heures, certaines mères gardent leur bébé tout contre elle, sans interruption.

Apprivoiser votre cicatrice

Vous pouvez également tenter de vous approprier cette partie de vous qu'est la cicatrice en la touchant, en y trouvant un symbole positif. Certaines mamans y voient un sourire, le sourire de la vie, d'autres voient en cette marque une preuve indélébile de leur maternité. Accepter cette cicatrice, et son histoire est parfois un long chemin qui se fait au gré de multiples échanges.

Trouver du soutien autour de vous : mettre des mots sur les maux

Vous pouvez travailler sur la réalité de ce que vous avez vécu en écrivant ce que vous aimeriez changer (ex : j'aurais dû tenir plus longtemps sans péridurale, j'aurais dû marcher pour aider le travail plus longtemps), y associer la réalité de ce qui s'est produit (ex : j'ai pris la péridurale à 3 cm de dilatation, j'ai tout de même marché 2 heures), et replacer le contexte du moment (j'ai pris la péridurale / arrêté de marcher parce qu'à ce moment-là, j'étais à jeûn depuis 12 heures, je n'avais pas dormi de la nuit, et que, à ce moment-là, dans ces circonstances-là, je ne pouvais pas faire plus).

Accepter cette réalité des faits, être indulgente avec vous-même, c'est important.

Vous pouvez aussi positiver vos actes (par exemple, transformez "je n'ai pas été capable de marcher plus de 2 heures" en "j'ai réussi à marcher pendant 2 heures !").

Accepter ce que vous vivez n'est pas chose aisée et parfois aux vues des réactions de l'entourage, vous ne trouvez pas d'espace pour parler de ce que vous ressentez. Pourtant, accepter sa césarienne vient aussi en en parlant, notamment à des personnes qui ne jugent pas, qui ne sont pas impliquées. Partager votre ressenti et votre vécu avec des personnes qui peuvent entendre, comprendre et accepter ce qui est dit, des personnes qui ont vécu des expériences similaires :

Raconter l'histoire de sa naissance à votre enfant

Même tout petit, les enfants ressentent les émotions de leurs parents. Raconter l'histoire de la naissance de votre enfant à ce dernier peut lui permettre de comprendre le mal-être qu'il ressent chez sa mère.

Pour les plus grands, le livre Tu es née de mon ventre, écrit par Césarine, peut faciliter l'échange avec votre enfant.

Le syndrome de stress post-traumatique (SSPT)

Qu’est-ce que le syndrome de stress post-traumatique ?

Les premières descriptions du syndrome de stress post-traumatique datent de la première guerre mondiale. Depuis 1992, il est reconnu par l’Organisation Mondiale de la Santé comme maladie mentale avec classification psychiatrique du DSM IV. A partir de 1994, l’accouchement est considéré comme un facteur de risque du syndrome de stress post-traumatique.

En temps normal, lorsqu'un individu est soumis à un stress, son amygdale cérébrale (réceptacle des émotions) secrète des hormones qui vont permettre au corps de réagir en conséquence[1]. Ainsi, le cortex pré-frontal analyse l'information, la stocke dans l'hippocampe et renvoie une réponse à l'amygdale. L'individu est amène à raconter ce qui s'est passé sans être à nouveau envahi par la même émotion qu'il a subie.

Dans le cadre d'un événement traumatique, l'amygdale cérébrale de l'individu n'est pas modérée par le cortex pré-frontal et produit une quantité importante d'hormones. Pour éviter le trop-plein, l'organisme fait "disjoncter" l'amygdale. La personne victime du traumatisme va se protéger physiquement (elle se place physiquement en "mode survie") mais une fracture psychique intervient. Les victimes vivent un phénomène de dissociation : "sentiment d’irréalité, de déréalisation et de dissociation (...) comme si elles regardaient la scène de l’extérieur". Ainsi, l'information n'est pas intégrée au cortex pré-frontal mais reste dans l'amygdale sous forme de mémoire traumatique qui peut être réactivée à tout moment : la victime revit de façon intacte l'état de stress qu'elle a traversé. Cette fracture psychique est souvent invisible, à la différence d’une blessure corporelle. De plus, ignorée par les victimes elles-mêmes, et parfois par leur entourage, la gravité du choc sur le psychisme tarde être prise en compte.

Qui peut être atteint du syndrome de stress post-traumatique ?

Les personnes ayant été choquées par un événement violent, entraînant une peur, un sentiment d’impuissance ou d’horreur, une incidence sur leur psychisme, peuvent développer des troubles relevant du syndrome de stress post-traumatique.

Lors d’une naissance, une femme peut vivre une large gamme d’émotions, allant de la joie et du bonheur, à la souffrance, l’inquiétude, voire la peur de la mort. Ces dernières années, de nombreuses études ont montré qu’un nombre important de femmes peut vivre la naissance de leur enfant comme une expérience traumatisante, notamment dans le cas d'une césarienne réalisée en urgence ou de voie basse instrumentale. Or, pour une femme, une naissance est un acte fondateur de sa capacité à mettre au monde son enfant, ce qui marque profondément son inconscient.

En 2009, une revue de littérature[2] montre que 1,3 à 6 % des femmes vivraient un syndrome de stress post-traumatique lors de leur accouchement.

Quels facteurs aggravent/prédisposent au développement du syndrome de stress post-traumatique lors d'un accouchement ?

De nombreux facteurs viennent augmenter le risque de développer un syndrome de stress post-traumatique au moment de l'accouchement :

Quels sont les symptômes du syndrome de stress post-traumatique?

Le syndrome de stress post-traumatique est défini par 6 critères :

  • 1 : sentiment de peur, d’impuissance ou d’horreur
  • 2 : reviviscence par des flashbacks, cauchemars, souvenirs, rêves envahissants, persistants autour de l’événement traumatique
  • 3 : évitement des personnes, d’objets, de situations en lien avec l’événement traumatique, diminution de la réactivité au monde extérieur (émoussement), anesthésie émotionnelle, détachement vis-à-vis d‘autrui, de soi.
  • 4 : augmentation de l’état de vigilance / hyperactivité neurovégétative (insomnie, irritabilité, colère, difficulté de concentration, crise d’angoisse, crise de boulimie, addiction)
  • 5 : symptômes présents sur une durée supérieure à un mois
  • 6 : dysfonctionnements relationnels dans les sphères sociale, familiale ou professionnelle peuvent apparaître
  • Dans le cas du syndrome de stress post-traumatique complet, la personne présente les principaux symptômes. En cas de syndrome de stress post-traumatique partiel, le patient présente au moins un symptôme de reviviscence, en plus d’un symptôme d’évitement ou de diminution de la réactivité, ou de deux symptômes d’hyperactivité.

    Une mère atteinte du syndrome de stress post-traumatique présente les symptômes suivants :

  • changement d’humeur, de comportement, des relations sociales
  • dépressions (LyonsSJ, 1998)
  • peur d’accoucher[11]
  • difficultés dans la relation conjugale[12]
  • difficultés dans la relation avec le bébé : torpeur, évitement du bébé[12], délai dans l’attachement, surprotection avec le bébé[7], rejet du bébé[11]
  • A quel moment le syndrome de stress post-traumatique apparaît-il ?

    Lors d’un accouchement, les femmes vivent un événement physiquement douloureux, avec plus ou moins d'actes dispensés par les soignants sur leur corps.

    Selon Nancy Verreault[13], doctorante en psychologie, sur un panel de 308 femmes, les symptômes sont à leur maximum un mois après la naissance dont 1,1% des femmes présentaient un syndrome de stress post-traumatique complet, et 3,2% un syndrome de stress post-traumatique partiel. Dans les deux cas, ces symptômes diminuent après le premier mois.

    Cependant, notamment dans le cas d’une césarienne en urgence, la mère se trouve souvent en état de choc dans les premiers jours qui suivent la naissance. De ce fait, elle n’a pas immédiatement conscience de son état « traumatique », et les émotions liées à cette naissance risquent de resurgir ultérieurement, hors du diagnostic des soignants ayant participé à l’événement initial.

    Lorsque les symptômes perdurent au-delà d’un mois, le diagnostic de syndrome de stress post-traumatique peut être établi.

    Comment traiter ce syndrome de stress post-traumatique ?

    L’objectif est de sortir de la répétition obsessionnelle liée à l’événement traumatique, en permettant à la mère de poser des mots sur le trauma et en faisant comprendre les symptômes. Plusieurs techniques peuvent être employées (écoute, hypnose, luminothérapie, EMDR, médicament, méditations).

    Il est essentiel de s'adresser à des professionnels compétents afin de favoriser la prise en charge rapide des symptômes et faciliter la guérison.

    Comment envisager une grossesse suivante

    Lorsqu'une nouvelle grossesse s'annonce, ou est envisagée, un certain nombre de questions, de pensées refoulées refont alors surface. La précédente naissance plane au-dessus de votre tête. C'est vrai pour la naissance par césarienne, mais aussi pour la naisance prématurée, ou par voie basse décevante, ou même après une voie basse heureuse.

    Les démons d'une première, ou de plusieurs grossesses dont l'issue a été la césarienne reviennent. Certaines craignent même de vouloir un nouveau bébé rien que pour accoucher, en découle un sentiment de culpabilité en rapport avec cette nouvelle grossesse.

    Il faut garder à l'esprit que désirer un nouvel enfant se joue avec une multitude de facteurs : vouloir être enceinte, vouloir sentir un bébé dans son ventre, vouloir accoucher, vouloir allaiter, vouloir tenir un petit être dans ses bras, etc. Quelques fois, vous pouvez penser qu'un de ces facteurs prédomine et vous sentir coupable.

    Certaines peuvent adopter la position d'"autruche", c'est-à-dire que vous restez campée sur le fait que "je vais bien, tout va bien", vous ne souhaitez pas entendre parler de l'issue de la grossesse, et encore moins de césarienne. Ca se comprend bien, et ça peut porter ses fruits. C'est une tactique de jeu particulière.

    Pour un certain nombre d'entre vous, l'idée d'un prochain accouchement n'arrive que lorsque vous êtes bel et bien enceinte, et pour d'autres, la "prise de conscience" se fait bien avant même le projet concret de grossesse. Il n'y a pas de règle à respecter, chacune fait selon son histoire et ses besoins.

    Et les pères...

    Ne les oublions pas...

    Bien souvent lors d'une naissance, c'est vers la mère et le bébé que se portent toutes les attentions. Ils ont cependant également vécu leur lot d'émotions lors de ce grand évênement...

    Pour les pères, la naissance par césarienne de leur enfant peut également être un évênement plus ou moins difficile à vivre. Peur pour la santé de leur bébé et/ou de leur conjointe, sentiment d'impuissance et de mise à l'écart (spécialement lorsqu'ils ne sont pas autorisés au bloc opératoire), frustration de ne pas avoir été là pour les premiers instants de leur enfant, culpabilité, craintes pour l'avenir... Pour certains, après le soulagement d'avoir un bébé et une femme en bonne santé, la joie d'être papa fait vite oublier ces moments difficiles. Pour d'autres, cela reste une blessure de n'avoir pas pu accueillir leur enfant dans les conditions qu'ils espéraient.

    La mère étant limitée dans sa mobilité les premiers jours, les papas sont souvent plus requis pour s'occuper de leur enfant que lors d'une naissance par voie basse où la mère est plus vite sur pied. Ils peuvent alors en profiter pour établir un lien plus précoce avec leur nouveau-né, là où la mère est parfois plus "exclusive" lors d'une voie basse.

    Certains pères peinent à comprendre le mal-être de leur femme, alors que "tout va bien maintenant". Ce n'est pas forcément évident pour eux, en tant qu'homme, de se mettre dans la peau d'une mère et de comprendre à quel point la naissance peut être un moment important dans la vie d'une femme. Ils peuvent être déstabilisés par cette souffrance qui leur semble démesurée. Là encore, le dialogue est important et permet de cheminer l'un vers l'autre.

    Bibliographie :
    Syndrome de stress post-traumatique chez la femme accouchant par césarienne : implication de l’anesthésie. - texte complet
    Hôpitaux Universitaires de Genève – Anesthésiologie - Irène Iselin-Chaves.
    L'esprit blessé. - texte complet
    Leila Minano - Causette no 34 - 25 mars 2013.
    Une autre césarienne ou un accouchement naturel. - texte complet
    Helene Vadeboncoeur- Ed Carte Blanche- 2008.
    Thèse état de stress post traumatique lie à l’accouchement et algies pelviennes chroniques. - texte complet
    Gisèle GRECO GEFFROY – 2005.nov – UFR Médicale Paris Ile de France-ouest – Université de Versailles.
    Enfanter le Monde- L’accouchement, des impacts dont on parle peu : empowerment ou traumatisme. - texte complet
    Helene Vadeboncoeur- Québec - 2005.
    Références :
    [1] Ultra-violences - texte complet
    Blog du Docteur Gécé
    [2] PubMed 235835 - texte complet
    Denis A, Callahan S État de stress post-traumatique et accouchement classique : revue de littérature Doi : 10.1016/j.jtcc.2009.oct .002
    [3] PubMed 12581038
    Soet JE, Brack GA, Dilorio C Prevalence and predictors of women's experience of psychological trauma during childbirth. Birth, 2003 Mar;30(1):36-46
    [4] PubMed 16046379
    Verkerk GJ, Denollet J, Van Heck GL, Van Son MJ, Pop VJ. Personality factors as determinants of depression in postpartum women: a prospective 1-year follow-up study. Psychosom Med. 2005 Jul-Aug;67(4):632-7.
    [5] PubMed 16172085
    Olde E, van der Hart O, Kleber RJ, van Son MJ, Wijnen HA, Pop VJ. Peritraumatic dissociation and emotions as predictors of PTSD symptoms following childbirth. J Trauma Dissociation. 2005;6(3):125-42.
    [6] Traumatismes psychiques : conséquences cliniques et approche neurobiologique - texte complet
    Louville P, Salmona M Le traumatisme du viol, Revue Santé Mentale 2013.mars numéro 176.
    [7] PubMed 17931469
    Nicholls K, Ayers S. Childbirth-related post-traumatic stress disorder in couples: a qualitative study. Br J Health Psychol. 2007 Nov;12(Pt 4):491-509.
    [8] PubMed 18357852
    Boudou M, Teissèdre F, Walburg V, Chabrol H. [Association between the intensity of childbirth pain and the intensity of postpartum blues]. Encephale. 2007 Oct;33(5):805-10.
    [9] SFAR. Votre patient dort-il ? Réveil peropératoire accidentel : mécanismes, prévention et détection - texte complet
    G Plourde, V Bonhomme. SFAR. Votre patient dort-il ? Réveil peropératoire accidentel : mécanismes, prévention et détection.
    [10] SFAR. Mémorisation peropératoire - texte complet
    D. Chassard, F. Duflo, B. Allaouchiche. SFAR. Mémorisation peropératoire.
    [11] PubMed 17129916
    Ayers S, Eagle A, Waring H The effects of childbirth-related post-traumatic stress disorder on women and their relationships: a qualitative study. Psychol Health Med. 2006 Nov;11(4):389-98.
    [12] PubMed 15266160
    Beck CT Post-traumatic stress disorder due to childbirth: the aftermath. Nurs Res. 2004 Jul-Aug;53(4):216-24.
    [13] Le choc de la naissance - texte complet
    Nancy Verreault, by Pierre-Etienne Caza Journal L'UQAM, vol. XXXX, no 12, 18 mars 2013

    Page mise à jour en Octobre 2017.